Pour la 4e édition des Jases de cuisine d’Atypic, l’équipe a eu l’occasion de rencontrer Samy Moussa, l’un des plus jeunes chefs d’orchestre au monde, qui est également compositeur.
Il ne fallait pas se fier au look décontracté et à l’humilité du jeune trentenaire. Nous l’avons compris dès que Samy a commencé à nous parler de sa passion pour la musique et de son parcours atypique.
« Je voulais faire un double DEC de trois ans en sciences humaines et en musique, pour aller ensuite en droit. Mais mon père m’a dit : un DEC, ça se fait en 2 ans. Tu vas perdre une année de ta vie. Un peu plus tard, j’ai rencontré une fille qui étudiait en musique et qui m’a dit : je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui soit autant passionné de musique que toi. Ça a déclenché quelque chose chez moi. »
Passionné, c’est peu dire quand on sait que Samy a composé sa première œuvre classique à l’âge de 12 ans…
Aujourd’hui, Samy se considère privilégié de pouvoir vivre de sa passion et d’être libre dans sa création. Une liberté qu’il protège ardemment, et qui fait partie du deal, comme il l’explique.
« Lorsque je compose, je donne énormément de moi. Je puise très profondément. Tellement que je tombe souvent malade après la livraison d’une œuvre. On dit d’ailleurs que les compositeurs meurent jeunes! Mais le fait de pouvoir signer tout ce que je produis, ça n’a pas de prix. »
Heureusement pour lui (et pour nous!), Samy peut aussi jongler avec un autre métier pour équilibrer les choses; celui de chef d’orchestre.
« Si les compositeurs meurent jeunes, les chefs, eux, meurent vieux, car ils se nourrissent en quelque sorte de l’énergie des musiciens. C’est comme ça que je garde mon équilibre! Je donne et je reçois. »
Lorsqu’on lui a demandé de nous parler de son processus créatif, il nous a aussi parlé d’une autre forme d’équilibre.
« Quand j’écris pour un orchestre, c’est un va-et-vient entre l’abstraction pure – car il n’y a personne, j’imagine littéralement des sons – et les aspects plus techniques du métier. Mais comme tout, ça s’apprend. C’est complexe, et ça prend un certain talent, mais ensuite, c’est à force d’en faire qu’on devient meilleur. »
Humble, disions-nous…
Samy a donc la polyvalence nécessaire pour faire ces deux métiers, incluant bien entendu des compétences humaines de leader. Car pour diriger des orchestres d’une centaine de musiciens, souvent plus âgés que lui, il faut sa dose d’intelligence humaine!
« Lorsqu’on respecte les ego, les gens produisent ensemble et c’est extraordinaire. »
Il souligne d’ailleurs qu’un morceau n’est jamais fini.
« Même lorsque je le termine, les musiciens y ajoutent quelque chose. Et chaque soir peut être différent. C’est quelque chose de vivant, de l’ordre du théâtre et non du cinéma. »
Du reste, c’est pour cette raison qu’il préfère de loin interpréter les œuvres des autres, ou d’anciennes œuvres, que les siennes.
« Je vois alors plein d’endroits où je pourrais ajouter quelque chose qui m’est propre, ma sensibilité, mon interprétation. Comme une toile vierge! C’est impossible avec les pièces que j’ai écrites, car j’ai tout mis ce que je voyais. Ou bien peut-être dans 10 ans, je pourrai ressortir mes premières pièces et y voir des brèches, des espaces d’interprétation nouvelle, avec le travail du temps. »
Ce qu’il souhaite accomplir de plus?
« Quelque chose qui va me toucher moi, profondément. Je saurai ensuite que ça touchera des gens. »
On en revient à l’authenticité universelle…
Un grand merci à Samy pour sa générosité et son passage parmi nous!