Que diriez-vous de vivre dans un monde où les changements climatiques ne seraient plus le principal sujet de l’heure? Utopique, vous me direz? Peut-être un peu… Mais, si plus d’entreprises comprenaient (réellement) le rôle qu’elles peuvent doivent jouer pour contribuer à faire de notre monde un monde meilleur et si elles posaient (réellement) des gestes concrets, peut-être que le portrait pourrait commencer à changer.
Entendez-moi bien, les gestes individuels comptent grandement dans cette lutte effrénée (recycler, composter, prendre le transport en commun, acheter local, magasiner zéro déchet… ne pas arroser son driveway!) Mais, en vérité, il ne sera jamais possible d’atteindre cette fameuse carboneutralité d’ici 2050 si non seulement les gouvernements, mais également les entreprises et les organisations de tous les secteurs ne se mettent pas sérieusement à la tâche.
C’est quoi un monde meilleur?
Un monde meilleur, c’est un air plus pur, un accès à de l’eau potable pour tout le monde, une alimentation contenant moins de perturbateurs endocriniens*, mais pas que. Un monde meilleur, c’est aussi un monde avec plus d’égalité et d’inclusion, plus de paix, plus de justice, moins de pauvreté, un meilleur accès à l’éducation et une meilleure qualité de vie universelle. Avant de penser que je vis dans un monde de licornes, visitez tout de suite la page des 17 objectifs de développement durable de l’ONU pour sauver le monde.
C’est quoi le rapport avec les entreprises?
Le rapport avec les entreprises, c’est que, de nos jours, penser uniquement en termes de profits est une époque révolue (quand on a à cœur la survie de l’humanité, évidemment). D’ailleurs, ce n’est pas moi qui le dis : les consommateurs et consommatrices, les investisseurs et les employés et employées n’ont jamais été aussi nombreux à demander des comptes. Et c’est là que l’ESG entre en jeu.
L’ESG, qu’est-ce que ça mange en hiver?
L’ESG, c’est un cadre utilisé pour mesurer les performances non financières des entreprises selon trois piliers : les volets environnemental (E) et social (S) et la gouvernance (G).
E : minimiser son empreinte écologique
Sans surprise, l’impact environnemental des entreprises est un pilier essentiel de l’ESG. On mesure cet impact en considérant plusieurs aspects. De la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’efficacité énergétique, les entreprises doivent minimiser leur empreinte carbone en optimisant leurs processus de production pour réduire leurs émissions à la source et en optant pour des technologies moins énergivores. Côté pollution, l’objectif ultime est de diminuer le plus possible la génération de nouveaux déchets, ce qui fait que la gestion des déchets, le recyclage et la réutilisation des matériaux sont à l’honneur. En parallèle, pour préserver la biodiversité, on garde en tête des éléments essentiels comme la gestion de l’eau et des sols, les rejets toxiques, l’utilisation d’engrais, etc.
S : favoriser l’équité et l’inclusion
Sur le plan social, l’ESG examinera la façon dont l’entreprise traite non seulement ses employés et employées, mais aussi sa clientèle et les communautés locales dans lesquelles elle est implantée de même que la société dans son ensemble. L’équité, la diversité et l’inclusion ainsi que la santé, la sécurité et le bien-être des travailleurs et travailleuses sont au cœur de la démarche, et ce, pour toutes les personnes concernées dans toute la chaîne de valeur de l’entreprise.
G : prioriser une gestion éthique et transparente
Enfin, la gouvernance a trait à la manière dont une entreprise est dirigée et contrôlée. La transparence est alors essentielle et l’éthique joue un rôle central pour éviter les conflits d’intérêts et garantir l’intégrité dans la stratégie fiscale et toutes les transactions. La diversité au sein du conseil d’administration est également à promouvoir, puisqu’elle favorise une variété de perspectives et d’expériences dans la prise de décisions.
Employés et employées, consommateurs et consommatrices, et investisseurs : une démarche gagnante!
Adopter une démarche ESG offre de nombreux avantages aux entreprises. D’une part, cela favorise l’attraction et la rétention des talents. On le sait, les jeunes sont de plus en plus en quête d’un emploi qui a du sens et qui est aligné avec leurs valeurs profondes. Travailler pour une entreprise qui s’engage à améliorer le monde est assurément un levier à la motivation et un motif de satisfaction.
D’autre part, les consommateurs et consommatrices sont aussi plus informés et sensibles aux enjeux environnementaux et sociaux. Ils et elles ont tendance à privilégier les entreprises responsables, et ça tombe bien parce qu’une politique ESG bien menée (exit l’écoblanchiment**!) permet de fidéliser et de bâtir une relation de confiance avec la clientèle, qui se sent plus encline à soutenir des entreprises engagées dans des pratiques durables et éthiques.
Finalement, l’accès au financement est un autre atout majeur de l’ESG. Conscients des risques liés aux enjeux environnementaux et sociaux, les investisseurs recherchent des entreprises qui gèrent ces risques de manière proactive. Une stratégie ESG solide témoigne d’une gestion responsable et d’une vision à long terme, rendant l’entreprise plus attrayante pour les investisseurs et plus résiliente face aux défis futurs. Cela permet également de répondre aux exigences d’autres entreprises qui sont elles aussi dans un processus ESG et qui, si ce n’est déjà fait, demanderont bientôt des comptes à leurs propres fournisseurs. Enfin, une bonne stratégie ESG permet de prendre un pas d’avance par rapport aux éventuelles réglementations gouvernementales qui seront inévitablement mises en place dans les prochaines années.
Comment ça s’articule plus concrètement? Prenons le cas de Bôfruits.
Bôfruits est une entreprise fictive. Fondée il y a plus de 60 ans, Bôfruits est un producteur maraîcher qui, en plus de les cultiver, emballe et distribue des petits fruits. Depuis sa fondation, l’entreprise a beaucoup évolué et a même investi à de nombreuses reprises pour moderniser ses installations, les rendant ainsi plus technologiques, ce qui permet des économies d’énergie, mais surtout une hausse de la productivité. Comme l’entreprise a grandi, elle embauche 12 travailleurs et travailleuses étrangers internationaux depuis 8 ans pour lui prêter main-forte pendant la période estivale. Voici quelques exemples de ce que Bôfruits pourrait faire pour améliorer son bilan ESG :
Sur le plan environnemental, la première chose à faire est de connaître ses émissions de gaz à effet de serre. En faisant un bilan, Bôfruits sera en mesure de se fixer des objectifs ambitieux, mais réalistes. C’est en prenant conscience de ses processus d’exploitation les plus énergivores qu’elle pourra les modifier (soit en adoptant de nouvelles sources d’énergie ou en optimisant ses façons de faire). Puis, Bôfruits devra porter une attention particulière à la gestion de ses eaux et de ses sols. Pour réduire son empreinte écologique, l’entreprise peut privilégier l’utilisation d’engrais organiques et limiter les produits chimiques.
Sur le plan social, Bôfruits peut s’engager à offrir des programmes de formation à ses employés et employées, leur procurant ainsi des opportunités de développement professionnel et garantissant leur sécurité au travail. Il est aussi important de considérer les travailleurs et travailleuses étrangersinternationaux, par exemple en leur offrant un logement et des conditions de vie adéquates. Pour s’assurer d’instaurer un environnement de travail harmonieux et inclusif, Bôfruits doit aussi faciliter l’intégration culturelle de ses travailleurs et travailleuses, par exemple en offrant des cours de langue ou en organisant des sorties culturelles.
Enfin, en matière de gouvernance, Bôfruits peut adopter des pratiques de transparence en partageant ouvertement ses objectifs et ses résultats ESG avec toutes ses parties prenantes. En promouvant des pratiques éthiques rigoureuses, elle peut renforcer la confiance de sa clientèle, de ses partenaires et de ses investisseurs.
Ces quelques actions ne sont que des exemples. Dans le cadre d’un exercice ESG, l’ensemble de la chaîne de valeur et tout le cycle de vie du produit doivent être analysés et considérés afin de se doter d’un plan d’action approprié et en phase avec les objectifs et les valeurs identifiés.
Un avantage stratégique pour les PME
Les petites et moyennes entreprises peuvent parfois se sentir dépassées (avec raison!) par la complexité des démarches ESG.
L’ESG, ce n’est pas une tendance, mais une démarche sérieuse qui touche tous les secteurs d’une organisation, et qui demande du temps, de l’énergie et des ressources humaines et financières. La première étape, c’est d’effectuer un diagnostic ESG, pour permettre ensuite de définir des priorités et des valeurs.
Les entreprises, grandes ou petites, ont un rôle crucial à jouer en matière de développement durable. Les actions que vous pouvez prendre pour arrêter d’arroser votre driveway – changer la donne, quoi! – sont nombreuses et s’inscrivent dans toutes les étapes de votre chaîne de valeur. Un accompagnement afin d’effectuer un diagnostic et vous doter d’un plan de match concret peut tout changer.
Ça vous parle? Nous aussi! Contactez-nous pour savoir comment on peut vous aider (dès maintenant!) à faire bouger les choses.
* Perturbateurs endocriniens : substances rejetées dans l’environnement qui interfèrent avec notre système hormonal. On les retrouve dans de nombreux objets et produits du quotidien : additifs alimentaires, pesticides, produits ménagers, détergents, cosmétiques, etc. (source)
** Écoblanchiment (communément appelé greenwashing) : opération de relations publiques menée par une organisation, une entreprise pour masquer ses activités polluantes et tenter de présenter un caractère écoresponsable. (source)
L’accessibilité et l’inclusion au cœur de l’événement
William Mullen, 10 juin 2024
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