Il est parfois difficile de saisir la pertinence et les applications concrètes de ces mots à la mode pour les organismes, d’autant plus qu’ils viennent souvent du secteur privé. Mais peuvent-ils représenter des pistes de réflexion stratégique pour le secteur pluriel?
Prenons l’exemple de 3 mots-clés du moment.
1. Stratégie adaptative
Traditionnellement, définir une stratégie consistait à rédiger un plan permettant à l’organisation de se rendre du point A au point B. C’est mathématique, le chemin le plus court entre deux points, c’est une ligne droite. Mais lorsque le chemin est parsemé d’embûches et que le point B change d’emplacement, ce modèle devient vite obsolète. La discipline est donc en pleine évolution, comme nous l’expliquions dans un billet précédent. C’est là qu’intervient la stratégie adaptative.
Le principe consiste à s’adapter rapidement aux facteurs internes ou externes influant sur l’organisation, comme l’évolution des besoins des clientèles-cibles ou un budget provincial plein de surprises. Voici quelques moyens de mettre en place une stratégie adaptative :
– Faites un point annuel avec votre CA sur votre plan stratégique. Il se peut que les enjeux aient évolué et que les orientations doivent être rectifiées, et il ne faut pas avoir peur de s’ajuster.
– Faites un point trimestriel avec vos équipes. C’est l’occasion de mettre à jour et de corriger votre plan d’action ou votre tableau de bord.
– Suggérez que chaque groupe de travail, équipe, ou comité se réunisse toutes les semaines pour faire le point sur les projets. C’est aussi l’occasion d’évaluer et de perfectionner vos manières de travailler.
2. Parties prenantes
Rendons à Ed Freeman ce qui lui appartient. Ce philosophe spécialisé en philosophie morale et éthique des affaires a popularisé l’expression en 1984 dans son ouvrage « L’entreprise et ses parties prenantes ». Il définit ces dernières comme « tout groupe ou individu qui peut affecter ou est affecté par la réalisation des objectifs d’une organisation ».
Cette idée d’impliquer et de consulter clients, partenaires, bénéficiaires et équipes se retrouve également dans la notion d’innovation sociale (un autre mot à la mode!). En tant qu’organisme, vous le faites probablement naturellement, mais prenez du recul, et visualisez des manières de pousser la démarche.
Si vous êtes un organisme ayant des membres par exemple, consultez-les si vous songez à revoir votre offre de service. Vous faites probablement des sondages, mais l’idée ici est de constituer un groupe de travail, composé de membres passés, actuels et potentiels. Ciblez-les, et expliquez-leur la démarche en mettant en valeur le côté innovant de votre approche et l’importance de leur apport. Remerciez-les en leur offrant, par exemple, un an de membership.
3. Human to human (une variante de parties prenantes)
Vous avez certainement vu passer cette image sur les médias sociaux dans les dernières semaines :
La formule a été largement partagée et commentée. Elle a été propulsée au rang de buzzwordpar Bryan Kramer, président de PureMatter, une agence de marketing intégré de la Sillicon Valley. Les entreprises sont des entités juridiques, mais toutes leurs parties prenantes sont constituées d’êtres humains. Cela semble logique, mais le facteur humain a longtemps été occulté. Les médias sociaux ont largement contribué à changer la donne, puisque des individus les utilisent comme canal de communication direct avec les organisations, et leurs avis deviennent ainsi difficiles à éviter!
En conclusion, le facteur humain et la finalité sociale font déjà partie de l’ADN des organismes. Le financement participatif, ou la collecte de dons « peer-to-peer » sont des stratégies adoptées par les fondations depuis déjà plusieurs années. De là à dire que les entreprises gagneraient à s’inspirer des tendances relevées chez le secteur pluriel, il n’y a qu’un pas, que nous franchissons avec enthousiasme!