Déclinés en toutes sortes de thèmes tels que la géographie, les mathématiques, la littérature ou encore la physique, les jeux sérieux se multiplient sur le Web et les tablettes à vitesse grand V. Qu’ils soient liés à un phénomène de mode ou à un véritable mouvement qui révolutionne le monde du divertissement et de l’éducation, il est intéressant de décrypter les jeux sérieux pour comprendre l’impact qu’ils peuvent avoir sur la manière d’envisager les campagnes sociétales.
Qu’est-ce qu’un jeu sérieux?
De l’anglais serious game : un jeu sérieux est, selon le Grand dictionnaire terminologique, « une application informatique qui combine une intention sérieuse de type pédagogique, informatif, communicationnel, idéologique ou autre, avec un environnement d’apprentissage prenant la forme d’un jeu vidéo, afin de transmettre un savoir pratique ou de sensibiliser à un enjeu social ». Autrement dit, il s’agit d’un jeu vidéo qui garde son aspect ludique tout en permettant d’acquérir des connaissances sur des sujets variés.
Ambassador : un jeu sérieux lancé par Suez Environnement pour sensibiliser ses employés à la protection de l’environnement et mieux connaître la nature et l’impact de leur travail
À quel besoin répond le jeu sérieux?
Le jeu sérieux répond à des besoins multiples :
- Valoriser une discipline, un thème ou un savoir technique
- Rendre le savoir plus attrayant pour certaines clientèles
- Éduquer efficacement par le jeu
- Aborder des thématiques complexes ou délicates en dédramatisant le message
- S’immerger dans l’univers du thème que l’on souhaite explorer
Deux points de vue différents sur la question : Europe vs. États-Unis
Les jeux sérieux s’inscrivent dans le mouvement de l’éducation par le jeu (aussi appelé ludo-éducation, édumusement (de l’anglais edutainment) ou amusement éducatif). Tandis qu’en Europe, l’éducation est mise sur un pied d’estale par rapport au divertissement et la transmission du savoir est considérée comme quasi « sacrée », aux États-Unis l’éducation par le jeu est davantage teintée par le divertissement.
Le Canada, et le Québec en particulier, ayant des influences culturelles à la fois des États-Unis et de l’Europe, ces visions divergentes sont importantes à considérer lorsque l’on souhaite se lancer dans la création d’un jeu sérieux. En particulier, demandez-vous quelle place occupe le divertissement dans l’esprit, le cœur et les habitudes de vie de votre public cible.
Comment appliquer ce principe pour les campagnes sociétales?
Plusieurs campagnes utilisent le jeu comme outil promotionnel afin de véhiculer leur message, et ce depuis les années 1980. Il s’agit d’une pratique très courante en marketing, particulièrement prisée par les marques de produits de distribution, et elle porte le nom deadvergame, une contraction d’advertisement (publicité) et de game (jeu). Pensez, par exemple, à l’intégration de produits McDonald’s ou Intel dans le simulateur de vie sociale Les Sims ou, plus récemment, le jeu Secret Place développé par Perrier l’an dernier.
La différence entre un jeu sérieux et un advergame est que le jeu sérieux a véritablement un objectif éducatif (donc « sérieux »). Voici des exemples d’idées pour appliquer le principe du jeu sérieux à votre prochaine campagne sociétale :
- Proposer un univers immersif pour sensibiliser le public à votre cause en lui faisant vivre la réalité de vos bénéficiaires
- Utiliser un cheminement logique à suivre pour sensibiliser à un processus (ex. les gestes à poser pour préserver l’environnement, les étapes pour développer son esprit entrepreneurial)
- Éduquer sur un sujet complexe (connaître ses droits pour mieux les défendre, comprendre le monde de la finance pour mieux gérer ses finances personnelles)
- Détourner un type de jeu pour transmettre un message engagé (ex. utiliser le cadre d’un jeu de guerre pour promouvoir un message de paix)
- Viser l’identification à un personnage pour convaincre l’auditoire à changer de comportement (ex. adopter le tri et le recyclage)
Pour vous donner d’autres idées et approfondir la réflexion sur le sujet, je vous invite à regarder ce reportage de la BBC sur ce sujet.
Alors, prêts à jouer la sensibilisation différemment?