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Mon fantôme d’amour

Atypic

20 novembre 2018

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Mon fantôme d’amour

Comme on relit parfois des vieilles lettres d’amour, j’ai relu ce billet daté de mars 2016 dans lequel je racontais mon coup de foudre relationnel pour Justin (Trudeau).

Il faut dire qu’il avait mis le paquet pour me charmer tout au long des préliminaires électoraux avec ses sondages courts et bien rédigés sur mes intérêts, ses invitations personnalisées à donner mon avis sur des enjeux concrets, ses comptes rendus d’action bien détaillés, ses photos de lui sur le terrain, ses promesses d’engagement quand même crédibles; il s’était adjoint les personnes de son équipe responsables des questions qui me touchaient le plus pour me convaincre… jusqu’à Sophie qui m’avait envoyé une carte de souhaits!

La grande séduction, quoi.

On est en novembre 2018, et ça fait un bout de temps que je ne reçois (presque) plus rien du beau brun.

Je pense que Justin me ghost.

Il est gêné parce qu’après deux ans, il persiste à faire deux erreurs de base en communication relationnelle :

  1. Se montrer inauthentique
  2. Se montrer contradictoire

Et il ne veut surtout pas en parler ou s’expliquer. Alors il fait le mort; il laisse aller.

Bien sûr, c’est un Premier Ministre et il doit préserver certains partenariats et doser ses prises de position. Il navigue dans un monde complexe et subit des influences. N’avez-vous pas aussi, en tant qu’organisme ou association, des réalités semblables avec lesquelles jongler? Et pourtant, vous continuez de communiquer avec vos partenaires, sympathisants et donateurs…

Le faites-vous, entres autres, quand vous avez des doutes? Et si oui, comment? Seriez-vous prêts à avouer une erreur, ou un changement un peu abrupte mais inévitable dans la direction d’un projet, par exemple? Pensez-vous que vos gens le prendraient bien?

Personnellement, si un des organismes que je soutiens m’écrivait ou me téléphonait pour me dire que certaines circonstances les poussent à devoir modifier un projet, je serais ouverte, je crois, à discuter de comment mon appui peut continuer d’être utilisé dans un contexte de changement.

On est à une autre échelle avec le Premier Ministre du Canada… mais je ne peux m’empêcher de faire un rapprochement, parce que de plus en plus, les partis politiques utilisent nos intérêts, nos goûts et nos aspirations pour nous cibler et nous envoyer des messages personnalisés. Cela vient avec des responsabilités. Si tu n’es pas prêt à entretenir une relation un tant soit peu sincère avec moi… et bien ne viens pas me chercher! C’est vrai dans tout relationnel.

Il semblerait d’ailleurs que l’authenticité – ou « inspiration réelle » – soit en train de grimper comme valeur-phare.

C’est d’ailleurs une des trois valeurs significatives sous-jacentes à l’engagement des Milléniaux en faveur des œuvres caritatives. L’initiative « The Millennial Impact Project », que l’organisme américain Achieve présente chaque année, le révèle :

« Les milléniaux accordent une importance considérable aux liens significatifs et ils sont plus susceptibles de faire des dons lorsqu’ils se sentent réellement touchés par des expériences authentiques. Cette génération est, dans son ensemble, plus susceptible d’apporter son soutien à une cause qu’à un organisme en particulier, d’où l’importance de miser sur les éléments déclencheurs d’ordre émotionnel qui sous-tendent l’engagement des gens envers la cause que vous défendez. »

À retenir, donc, par tous ceux qui développent du relationnel entre autres pour cette génération. Je n’en suis pas, mais elle suit celle de Justin Trudeau.

Et parmi les causes qui peuvent faire obstacle à cette authenticité et briser la confiance* :

  • Les scandales. Un cas de fraude ou d’agression, par exemple, comme on en a vu récemment dans certains organismes internationaux. C’est évident.
  • Les expériences négatives. Tout comme les expériences positives peuvent créer un lien de confiance, des interactions négatives avec un organisme ou avec un de ses représentants peuvent provoquer la rupture de ce lien. Une sollicitation excessive, notamment.
  • Le manque de transparence. À une ère où l’information est continuellement à portée de main, le public s’attend à ce que les organismes les informent de leur situation financière et de leur rendement, faute de quoi ils peuvent les percevoir comme non fiables. De même, le public se méfie d’information offerte dans un format inaccessible.
  • Le manque d’efficacité et d’efficience. Les organisations perçues comme incapables de réaliser leur mission ou dont les pratiques sont considérées comme inefficientes pourraient saper la confiance des donateurs, puisque ces derniers pourraient craindre que l’organisation utilise leurs dons de manière inefficace. Les organisations qui ne semblent pas avoir la capacité, les connaissances et la motivation de réaliser leur mission sont jugées non fiables, puisque les donateurs ont peu de raisons de croire qu’elles respecteront leurs engagements.

Dans sa façon de ne pas communiquer avec moi au sujet de ses changements de cap et du renoncement à ses engagements en matière d’environnement, Justin Trudeau coche 3 sur 4!

Et ce qui m’attriste dans tout ça, c’est qu’il va quand même se réessayer. Avant les prochaines élections, il reviendra avec des fleurs cachées dans le dos. Mais je vais le voir, le bout de pipeline qui dépasse du bouquet, c’est sûr.

Source : Imagine Canada

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